Ce blog vise à établir un contact avec toutes les personnes qui nous suivent depuis maintenant 5 ans dans ce projet de soutien aux initiatives des populations maliennes. Il nous permettra de vous informer plus efficacement des différents événements que nous organisons (éviter les fastidieux "mails") ainsi que de l'évolution des projets et vous permettra de suivre nos voyages au Mali.
Nous sommes de retour à Bamako après une semaine intense mais très enrichissante. Nous avons pu rencontrer tousnos partenaires même si nous n’avons pas pu nous rendre dans les villages.
La situation au Centre du Mali témoigne d’un manque absolu de l’état. On rit souvent de la Belgique qui peut vivre sans état pendant des mois. Le Mali est l’exemple même que ce n’est pas possible surtout dans un pays en crise. Bien malin celui qui pourrait dénouer tous les nœuds de cet écheveau. En ce qui me concerne, je rentre avec les mêmes questions:: qui a intérêt à déstabiliser le Mali? Ni les peuls ni les dogons qui sont les grands perdants de cette lutte fratricide. Mon analyse, peut-être un peu simpliste, est que l’émergence des réseaux sociaux joue un rôle capital dans la propagation des nouvelles, souvent dramatiques, il faut bien l’avouer, et attise les rancunes. Les maliens, et c’est bien leur droit, sont aujourd’hui hyper connectés. En conséquence, tout conflit, avec ses conséquences souvent horribles, sont commentés, partagés, appelant toujours à plus de vengeance et de violence, alors qu’il n’y a pas fondamentalement, (j’espère ne pas me tromper), de lutte inter-ethnique.
Nous avons vu de part et d’autre des populations meurtries, ayant tout abandonné, essayant de reconstruire un semblant de vie dans des camps où ils sont disséminés. Nous avons surtout vu beaucoup de dignité.
Ce matin nous avons eu une réunion avec Djadjé, le responsable de l’Asaco (Association pour la Santé Communautaire) de Nia Ouro avec Seydou Arama, l’Agent de vaccination de Nia Ouro.
Nia Ouro est ce village peul avec lequel nous avons un partenariat de longue date (maternité, latrines, forage, embouche…) mais dans lequel nous ne pouvons malheureusement pas nous rendre alors qu’il ne se trouve qu’à 45 minutes. Le village fait face à une situation très difficile. Après avoir été la cible des djihadistes, ils sont maintenant eux-même un village accueillant les réfugiés. 700 personnes ont afflué vers Nia Ouro suite aux massacres de leurs villages. Cet afflux a déstabilisé le fonctionnement du village. Par exemple, le Petit Centre de santé doit prendre en charge en plus des populations les blessés et cette population nombreuse pour la vaccination et autres suivi (paludisme, malnutrition). en conséquence, les infrastructures (pompe à eau/électricité) ne peuvent plus suivre. Nous avons donc décidé de renforcer l’installation électricité (batterie) et de réparer le forage de la pompe à eau défaillante.
Le village, déjà en difficulté, fait preuve de beaucoup de solidarité avec les populations déplacées en mettant à disposition des terrains pour l’installation des réfugiés ainsi que des parcelles pour leur permettre de cultiver. Le Centre de santé prend en charge lorsque nécessaire les frais des déplacés.
Nous avons donc décidé de soutenir le centre de santé pour la remise en état de la batterie et du forage.
Cet après-midi, nous avons vécu un grand moment d’émotion en nous rendant dans un des nombreux camp de réfugiés de la région. Le camp s’est organisé comme un village avec ses autorités, chef de village et conseillés. Une petite école y est organisée. Nous y avons apporté des vêtements pour enfants (merci la Donnerie de LLN) qui seront distribués par le chef du village avec le responsable du camp.
Nous saluons les efforts des animateurs qui redonnent aux enfants la force de sourire après toutes les atrocités auxquelles ils ont été confrontés. Cela nous a particulièrement ému de les voir chanter et sourire.
Nous sommes ensuite allé dans un campement où les villageois de Soula Ouro ont trouvé refuge et c’est aussi avec beaucoup d’émotion que nous avons retrouvé des visages connus. C’est un campement non officiel qui s’est installé sur un terrain mis à disposition par une association néerlandaise. Beaucoup de femmes, d’enfants et de personnes âgées essaient ici de reconstruire leur vie. Les villageois qui nous reconnaissent nous interpellent “Michel” “Annie”, “Odon t’chelli” (Comment ça va). Les enfants nous assaillent. Que représentons-nous pour eux? Un petit peu d’espoir, la certitude de ne pas être tout à fait oublié. Cela efface tous les doutes que nous pouvions avoir par rapport à ce voyage.
Longue journée de travail mais résultat inespéré!!! Nous pouvons débuter le jardin des femmes à Womina. C’est pour nous vraiment une super bonne nouvelle mais surtout pour les femmes de Dakawomina. Grâce à l’aide éclairée de Amadou Guindo, jeune dogon Agent de développement communautaire en activités agropastorales, nous avons pu élaborer un projet qui tient la route et permet aux femmes de Dakawomina de débuter leur jardin potager. Ce fut laborieux, sous une chaleur humide indescriptible, mais cela en valait vraiment la peine.
Nous avons ensuite enchainé avec une réunion avec les jeunes de Soula pour l’organisation d’une aide alimentaire d’urgence pour les populations déplacées.
Enfin nous avons terminé la journée par une rencontre avec le Dr Fodé Sissako de l’UTM (mutualité malienne) pour discuter du projet de transfert des enfants malades de Mopti en vue d’une intervention chirurgicale cardiaque à l’hôpital Mère et Enfants de Bamako.
Nous terminons donc cette journée sur une note plus optimiste car nous avons pu mener à bien ces projets qui nous tiennent tellement à cœur.
Depuis 2010 nous avons développé des relations privilégiées avec les populations de plusieurs villages aujourd’hui dans la tourmente. Il est donc plus que jamais essentiel de leur assurer notre soutien. Ce voyage sera donc surtout axé sur l’aide d’urgence aux nombreux réfugiés qui ont fuit leurs villages saccagés et incendiés après le massacre de nombreux de leurs habitants.
Si vous souhaitez nous suivre pendant ce voyage contactez-nous par mail à dakawomina@yahoo.fr pour obtenir le mot de passe qui vous permettra d’ouvrir les articles que nous posterons car ceux-ci seront protégés pour des raisons de sécurité.
Nous en profitons pour vous remercier encore pour votre confiance et votre soutien qui nous permettent d’apporter un peu de réconfort à ces populations.
L'ASBL DAKAWOMINA est active au Mali, dans les régions rurales les plus éloignées et les plus démunies, pour soutenir des projets émanant des villageois et visant à l'amélioration de leurs conditions de vie.