Nous sommes à Mopti depuis 2 jours et y avons découvert une situation dantesque absolument hors de tout ce que nous pouvions imaginer.
Rassurez-vous, nous ne nous sentons absolument pas en danger, nous restons très prudents et ne prenons pas d’initiatives qui puissent mettre quiconque en péril, mais la situation à laquelle nous sommes confrontés nous laisse sans voix.
Les groupes armés des différentes ethnies auxquels il faut ajouter les djihadistes sillonnent la région en toute impunité, au vu et au su des armées maliennes et onusiennes.
La situation est très confuse . Les groupes armés Dogons , Peuls et Bambara circulent en toute liberté et font la loi . Hier a Djenné , sur le bac pour traverser le fleuve Bani , nous étions entourés d’une trentaine de miliciens Dogons armés et couverts d’amulettes et de gris-gris . Ils sont entrés dans la ville sans rencontrer d’opposition . Bien que leur attitude n’était pas du tout belliqueuse, nous ne pouvions nous empêcher de nous poser la question de savoir quel était leur implication dans les récents massacres dans les villages peuls. Et plus fondamentalement, comment peut-on se transformer de voisins/amis en barbares sans foi ni loi prêts à égorger femmes et enfants.
Cette question est dans la tête de tous les maliens que nous côtoyons et qui ne comprennent pas comment les habitants de ce pays paisible ont pu sombrer dans les plus horribles actes envers les personnes avec lesquelles ils vivaient en bon entendement de manière ancestrale.
La sidération est probablement la meilleure façon de décrire l’état d’esprit des populations que nous croisons. Nous sommes loin de l’insouciance et de la joie de vivre qui caractérisaient nos amis maliens. La morosité se lit sur tous les visages, et pour autant, nul ne sombre dans le misérabilisme, la dignité reste de mise.
A Somadougou , lorsque nous avons traversé le village , l’armée malienne se trouvait d’un coté de la route et les miliciens armés de l’autre côté…….et l’armée n’intervenait pas pour les désarmer . A cela il faut ajouter les djihadistes .C’est surréaliste mais nous arrivons a fonctionner . Nous n’aurons malheureusement pas la possibilité d’aller dans les villages car nous ne tenons pas à prendre des risques inconsidérés. Ainsi, ce matin nous étions à Fatoma pour une réunion avec les responsable du village de Dakawomina car nous ne pouvions pas nous rendre au village qui ne se trouve qu’a 14km mais qui reçoit chaque jour la visite de djihadistes .
Bref, vous l’aurez compris, ce voyage nous plonge dans un état de tristesse et d’incompréhension mais renforce aussi notre volonté de soutenir nos amis maliens face à cette situation qui les dépasse.