11 janvier
Notre séjour dans la région de Mopti se termine, nous reprenons la route pour
Ségou mais avant notre départ nous rencontrons le Directeur de la banque où nous
avons notre compte à Mopti.

Nous échangeons un peu avec lui et son témoignage nous donne froid dans le dos.
Selon lui, la situation au Centre du Mali est absolument catastrophique et bien
pire que ce qu’elle était en 2012 au début de la crise. Ses mots sont
clairs et sans ambiguïté: le Mali, et surtout le Centre, est en état de guerre,
mais c’est une guerre insidieuse, bien plus dangereuse qu’une guerre déclarée
car ici les adversaires ne se confrontent pas directement, il n’y a pas de
bombardements ni de batailles mais des attaques qui peuvent venir de toute
part.
Plus de 60% du pays échappe au contrôle de l’Etat. Il n’y a plus d’Etat.
Plus rien ne fonctionne et surtout, l’éducation et tout le système scolaire est
défaillant. Pour lui, seule une prise en charge et des formations sérieuses des jeunes qui
rejoignent les groupes terroristes( plus par désœuvrement que par idéologie), des
jeunes non scolarisés et des jeunes diplômés sans emplois permettra de sortir
le pays de l’enlisement dans lequel il est en train de s’enfoncer.

Ce sont bien sûr les populations qui trinquent le plus et
pour lui, le fait que nous continuions à venir est très important. Des initiatives des jeunes comme à Dakawomina
devraient se développer dans tous les
villages et notre soutien à Lafia Kièmè est pour lui essentiel.

12 janvier

Même discours de la part de notre ami Seydou (de l’UTM de
Ségou) que nous rencontrons à Ségou.

C’est une vielle connaissance que nous avons toujours
beaucoup de plaisir à revoir et avec qui nous apprécions d’ échanger nos
impressions lors de chacun de nos voyages.

Même s’il ne se départit pas de sa bonne humeur et de son
rire légendaire, son message est beaucoup moins positif.

Son témoignage aussi est sans appel. Ce pays est au bord du désastre et si rien ne
change, il se dirige inexorablement vers une guerre civile. Partout l’insécurité règne et rend toute
activité économique caduque. Au niveau
des Mutuelles de santé, ils ont observé une baisse considérable des
cotisations, ce qui implique que les gens ne savent plus se soigner.

Il craint très fort que la situation ne s’envenime au sud du
pays car les disparités n’échappent pas aux populations qui se sentent lésées
par rapport aux efforts qui sont faits au Nord.

Même discours deux jours plus tard , cette fois c’est l’oncle
de Idrissa, ingénieur hydrologue qui nous fait part de ses inquiétudes. Il ne reconnait plus son pays. Pour lui le pays est au bord de l’implosion.

Bref, une situation qui nous alarme mais qui nous détermine
d’autant plus à soutenir nos amis maliens car de l’avis unanime des ces trois
personnes, cela est encore plus important aujourd’hui que par le passé.

Nous nous apprêtons maintenant à reprendre le vol pour
Paris. Nous partagerons avec vous les témoignages (vidéos) et les photos qui illustrent
notre voyage prochainement.