Après ces appels à l’Aide d’urgence il nous semble important de faire le point et d’essayer d’expliquer la situation au Mali et la position de l’association Dakawomina.

En raison de la situation de plus en plus difficile au Centre du Mali, nous avons décidé de postposer (août/septembre) notre voyage qui était prévu pour janvier/février. En effet, il nous aurait été impossible de circuler et d’aller dans les villages où nous soutenons des projets:

– A Nia Ouro, ce sont les djihadistes qui ont investi le village et terrorisé les populations, interdisant l’école et les associations de femmes. C’était il y a 2 ans mais la population reste traumatisée et craint toujours les représailles des terroristes. Heureusement, le Centre de santé continue à fonctionner correctement.
– A Soula Ouro ce sont des milices “soit disant” dogon qui ont massacré plusieurs
personnes, dont des femmes et des enfants. C’était il y a quelques semaines. Cela nous semble incompréhensible tant ces peuples vivaient jusqu’il y a
peu en bon entendement. Mais il nous faut nous rendre à l’évidence.
Le nombre de victimes et les atrocités sont aujourd’hui une bien triste
réalité.
Ce village qui, il y a quelques mois accueillait les réfugiés, se trouve aujourd’hui vidé de sa population, elle-même ayant dû tout abandonner pour fuir les massacres.
Les travaux en cours pour le creusement du puits (devenu trop juste avec l’afflux des réfugiés peuls venant des villages pillés) est arrêté car l’entrepreneur a également quitté le village en attendant que la situation se normalise.

Ce sont ces différents éléments qui nous ont amené à intervenir pour soulager quelque peu les populations en attendant de pouvoir reprendre des projets “durables”. Car comment parler de développement “durable” quand on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain.

Mais nous ne perdons pas espoir. Des initiatives citoyennes se mettent en place pour ramener la Paix dans la région et retrouver le “bien vivre ensemble” qui en faisait tout l’attrait. (voir article ci-dessous)

Nous vous remercions pour votre confiance sans laquelle nous serions incapables d’apporter cette aide aux populations.

Cet extrait du Monde résume bien l’origine du problème et quelques-uns des facteurs qui ont exacerbé cette crise.

“Si les groupes djihadistes peuvent instrumentaliser les divisions
intercommunautaires afin d’augmenter leur emprise, d’autres facteurs
liés à l’histoire du centre du Mali expliquent les différends entre
Peuls et Dogon. Les deux communautés se rejoignent au moins sur un
point : toutes deux expliquent les attaques de villages par la volonté
de l’autre ethnie de vouloir s’accaparer ses terres. Les leaders dogon,
eux, font référence à la conquête peule de ce qu’ils estiment être leur
territoire, au XIXe siècle par le marabout Sékou Ahmadou. Les
leaders peuls, eux, accusent les Dogon de vouloir vider la région de
leur ethnie afin de maîtriser des surfaces prisées pour leur fertilité
et de plus en plus rares en raison de la pression démographique et du
changement climatique.

Une répartition territoriale bouleversée

Jusqu’à
l’avènement de la démocratie dans les années 1990, ces litiges terriens
étaient gérés à l’amiable par l’entreprise des chefs coutumiers. Mais
avec la démocratie, la répartition territoriale a été bouleversée. Des
communes ont été créées, divisant des villages et entraînant ainsi des
conflits liés à la répartition des ressources que l’Etat n’a pas su
régler. Des litiges sont restés en suspens, créant de profonds
ressentiments. En 2012, lorsque la guerre a éclaté dans le nord du pays,
les armes sont descendues vers le centre et les représentants de l’Etat
ont pris la fuite. Depuis lors, les armes semblent avoir remplacé les
palabres d’autrefois : les milices se sont multipliées pour pallier la
faiblesse de l’Etat
.”


(https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/01/15/au-centre-du-mali-des-centaines-de-peuls-fuient-les-violences-intercommunautaires_5409362_3212.html)

Si vous voulez en savoir plus, voici quelques liens intéressants qui vous permettront de mieux comprendre la situation et les raisons d’espoir.

https://maliactu.net/mali-linsecurite-au-centre-du-pays-la-plateforme-sauvons-la-region-de-mopti-sengage-a-trouver-une-solution/

https://www.lemonde.fr/afrique/video/2019/01/24/violences-au-mali-des-mercenaires-etrangers-derriere-les-massacres_5414031_3212.html

https://information.tv5monde.com/afrique/mali-les-peuls-en-souffrance-en-appellent-aux-autorites-282056?fbclid=IwAR31zbf6mm0M5OXALd8h-0dqRSmsnsbEuUKpT0DUt8w9TiCU6dljPaIW8ZI

https://information.tv5monde.com/afrique/au-mali-l-alarmante-multiplication-des-tueries-intercommunautaires-276557