9 janvier suite 1.

NIA OURO – PROJET D’EMBOUCHE

Avant de commenter
les résultats du projet d’embouche, il y a lieu de mettre la situation
du village en perspective. Comme nous l’avons
dit précédemment, le village de Nia Ouro se trouve dans une zone des plus
insécurisée. Toute activité ainsi que
toute association féminine y sont interdits.
Ainsi le projet pour lequel nous avions sollicité une subvention de
Conseil Consultatif Nord/Sud de Louvain la Neuve n’a pus démarrer que
partiellement et de manière très discrète afin de ne pas mettre les femmes en difficulté.
(Si celles-ci en sont bien les bénéficiaires, seules 2 d’entre elles sont au courant.
C’est sous le couvert de Djadié, (trésorier de l’association des femmes) que le
projet a pu démarrer. Il a acheté le
matériel minimum pour ne pas éveiller les soupçons et, malgré tout, certains,
suspicieux, lui on lui a demandé d’où
venait l’argent pour l’achat du bétail.

Sur le budget alloué, une petite partie a été investie pour
l’achat de barriques pour nourrir les animaux ainsi que pour clôturer une
petite parcelle pour les y tenir. 6 vaches
avec leurs veaux ont également été achetées ainsi que la nourriture. Après 3 mois, les 6 vaches ont été revendues
avec 4 veaux (deux sont morts) et de
nouvelles bêtes à engraisser ont été achetées etc…

Suivant la période de l’année, il est nécessaire d’acheter
de la nourriture lorsque les bêtes ne peuvent en trouver en suffisance dans la
brousse.

Ce fut une discussion fort animée notre compréhension de la
complexité du système nécessitant quelques clarifications. (il y a des vaches achetées avec leurs veaux,
des taureaux (sans veaux forcément) des vaches sans veaux et des vaches
pleines, des vaches mortes mais dont le veau qu’elle portait a pu être
récupéré, des vaches malades vendues moins cher) bref, une histoire sans fin de
vaches veaux et taureaux !!!

Comme la discussion se passait en peul entre Djadié, Drissa
et Guindo, il fallait tout traduire pour nous.
Autant dire que ce fut une réunion fort intéressante mais aussi fort longue.

Après près de 3 heures de palabres, nous sommes passés à la
situation à DAKAWOMINA.

Koniba nous dresse un tableau plutôt noir de la situation du
fleuve et du périmètre irrigué.

Le manque d’eau à la saison des pluies a considérablement
réduit le rendement tant en poissons qu’en récolte de riz. Le village a
créé un bassin de pisciculture pour pallier aux manque de poissons mais
cette année les alevins sont introuvables ou à un prix exorbitant. Cela met en péril les pêches futures car c’est
à la saison des pluies que les poissons viennent frayer dans les eaux du delta intéreur
inondé, en eau peu profonde, ils sont ensuite emportés vers le fleuve à la
décrue. Pas d’alevins et pas de fraie signifie
donc un appauvrissement significatif du fleuve.
Si on ajoute à cela que le nombre de pêcheurs a augmenté, que ceux-ci
pêchent les poissons trop petits avant qu’ils n’aient une chance de se
reproduire, tous les ingrédients d’une catastrophe sont réunis. Dans les temps ancestraux, les bozos étaient
les maîtres du fleuve et respectaient
les règles de la nature. L’afflux de nombreux
pêcheurs venus des pays avoisinants a modifié cette structure et, combiné aux
changements climatiques l’activité de pêche qui était un des piliers économiques
de la région est fortement compromise.

Le couvre feu imposé par la ville de Mopti (après 18h on ne
peut plus circuler) rend encore plus précaire la situation car les quelques
poissons pêchés ne peuvent plus être acheminés à temps pour les marchés. De plus, de nombreux pêcheurs pêchant la nuit ne peuvent plus pratiquer leur
activité.

Les terroristes s’en sont aussi mêlé et dans certains
villages ils ont déclaré la pèche « HARAM » (interdit) menaçant les
populations de représailles si elles continuaient à pêcher. Pourquoi ? Dieu seul le sait !.

Vous comprendrez à la lecture de cette page les difficultés
auxquelles sont confrontées les populations et l’importance pour nous de
continuer à les soutenir par notre présence.
C’est pour eux un gage de solidarité dont ils nous confirment l’importance
en ces temps difficiles.